Notre projet – Juillet 2022

Une préfiguration en 4 phases, à horizon 2025

Quel centre d’archives voulons‑nous pour les LGBTQI+ ?

Le Centre d’Archives LGBTQI sera un lieu de référence pour tous les publics : les LGBTQI, les chercheur•euse•s, les étudiant•e•s, les enseignant•e•s, les scolaires, les journalistes, les militant•e•s, les artistes, les curieux•euses, les passionné•e•s, les réalisateur•trices, les artistes, les performeur•euse•s, les commissaires d’expositions, etc.

Au service de sa philosophie de l’archive vivante et de l’évolution des usages, le Collectif entend structurer le fonctionnement du Centre selon les axes suivants (cf. le schéma la brochure à télécharger en bas de page)) :

  • une collecte éthique et collaborative qui repose sur un lien de confiance fort entre le Centre et les donateurs.trices. De nombreuses associations attendent de déposer leurs fonds fonds au futur Centre d’Archives, telles l’association audiovisuelle trans Médusa, la Boîte à Frissons (le Tango), les Amis du patchwork des noms, Les Dérailleurs et nombre d’autres associations au titre de l’Inter-LGBT qui est adhérente du Collectif. Certaines ont déjà passé une convention de donation avec le Collectif. De nombreux particuliers ont également exprimé leur souhait de confier leurs archives au futur Centre, qu’ils et elles soient anonymes ou connu•e•s, tel Didier Lestrade ou Gwen Fauchois. Là-encore, des conventions de donation ont d’ores et déjà été signées.
  • un traitement des fonds basé sur l’expertise communautaire. Le tri et l’indexation (thésaurus LGBTQI) feront appel à la compétence communautaire et aux personnes concerné•es
  • une offre d’actions de formation, d’auto-formation et de partage des savoirs à destination de l’ensemble des publics du Centre
  • un développement en réseau avec les autres initiatives en France et à l’international : échanges réguliers, partages de bonnes pratiques et d’informations, etc.
  • un accompagnement des publics par des experts de la communauté LGBTQI
  • une valorisation ambitieuse et créative, s’appuyant en particulier sur des outils etpratiques numériques innovantes ainsi qu’une programmation culturelle riche et variée incluant des expositions, des expériences mémorielles et de réactivation d’archives, des projections-débats, des actions éducatives, etc.
  • un soutien aux chercheur•ses à travers l’organisation de colloques, séminaires, résidences 


Pourquoi un centre d’archives communautaire et autonome ?

C’est le modèle qui a été retenu partout à l’étranger. Il est éprouvé, performant et parfaitement fonctionnel. Il permet de démocratiser les archives LGBTQI+ et de rendre chacun.e acteur.rice du Centre. Il diffère du modèle institutionnel public « franco-français » que certain.e.s élu.e.s voudraient imposer aux archives LGBTQI+, les exposant à des risques de fractionnement et d’invisibilisation. 

En effet, dans le modèle institutionnel public, la conservation des archives est organisée en fonction de la nature des supports : les objets et les costumes vont dans des musées, les imprimés et les écrits dans des centres d’archives départementales ou nationales, une partie des audiovisuels et des supports numériques à l’Ina ou à la Bnf. Or nombre de fonds d’archives LGBTQI+, associatifs ou personnels, mêlent différents supports. Les morceler reviendrait à les mutiler, à dénaturer leur cohérence interne. Ce serait également entraver leur accessibilité et leur valorisation, à cause de la multiplication des lieux de conservation et de consultation. Le travail des chercheur.euse.s s’en trouverait pénalisé. 

D’autre part, les thésaurus des Archives publiques ne sont pas toujours adaptés à la description spécifique que requièrent les archives des communautés LGBTQI+ qui usent d’un vocabulaire propre et évolutif. Or l’absence des mots-clés pertinents affaiblirait les résultats de recherches dans les fonds, occultant des pans entiers d’archives.

Par ailleurs, parce que ce n’est pas leur vocation, les Archives publiques n’ont pas l’expertise requise pour satisfaire tous les besoins des publics d’un centre d’archives LGBQI+, dont les attentes vont bien au-delà de simples consultations.

Et que dire enfin du manque de moyens des Archives publiques qui reconnaissent déjà ne plus être en mesure d’absorber le flux des documents officiels qu’il leur incombe de traiter ? Elles sont contraintes aujourd’hui de définir des priorités dans lesquelles les archives LGBTQI+ seront toujours secondaires. 

Voilà pourquoi le collectif soutient un projet de gestion communautaire et autonome de leurs archives par les LGBTQI+ eux-mêmes et refuse que cette gestion soit déléguée à des institutions publiques.